Des nouvelles de Michel Boudaud

      Bonjour à tous.

      Voilà, ça fait un certain temps (voire plus!) que je vous ai écrit, mais, la crise sanitaire engendrant naturellement une crise de foi, le cœur n’y était pas vraiment.

Les concerts étant tous ” larmes” au pied, ce n’est pas très motivant pour l’écriture.

Je vous joins malgré tout “Reste encore un peu”, chanson qui défile assez vite, avec des vers de cinq pieds, ( rare, comme chez les moutons) et uniquement des rimes masculines. Pourquoi  ce choix d’écriture? D’abord, ce n’est pas un choix et d’ailleurs, est-ce bien de l’écriture? C’est venu assez vite et sans péridurale: un peu d’élagueuse pour la clarté et un peu d’embroussailleuse parce que c’est la saison, et voilà… Là-dessus, et un peu à côté aussi, une musique extraordinaire de banalité, qu’on peut un peu comparer à… “Ah non quand même!”  ou bien à…”Encore moins!” peut-être à…

“N’importe quoi !” donc disais-je, une musique incomparable!!!

       J’ai, sous mon coude, une pile de recommandations, et je vous en propose deux .

D’abord, je vais suivre le conseil de l’ami Jacques B. qui, au moment du décès de Juliette Gréco, nous invitait à écouter Cora Vaucaire dans ” Trois petites notes …” (Colpi et Delerue). C’est doux et fort en même temps, et, regardez bien, on dirait que son visage change de couleur pour vivre la chanson. C’est pourtant  en noir  et blanc !

        Je vous propose une deuxième version, enregistrée en 1951 par le duo “Marc et André”. Evidemment, c’est moins interprété que ce qu’a fait Cora Vaucaire, mais, en duo, il faut être bien ensemble, s’il n’y en a qu’un qui est ensemble, ça peut faire bizarre!

         André Schlesser était le mari de Maria Cazarès. Si je vous mets cette version, c’est très personnel, c’est parce-que j’ai eu le privilège de rencontrer Marc (Chevalier) chez lui, à Chateauneuf du Pape dans les années 80 . En fait, Marc était le prof de chant (vénéré !) d’un ami, Jean Georges, qui, lui, était passé par chez nous en 1977, avec femme et enfant, au cours d’un tour de France en roulotte (à cheval, puis à pieds) par étapes, l’été, le tout étalé sur une vingtaine d’années!. Il donnait des spectacles de chansons “Montmartroises” et de mimes, et, tous les deux ans,  montait une évocation historique avec les gens du pays, sur son trajet. Jean Georges était né à  Montmartre et avait commencé le cabaret avec Ferrat et Barbara. Peut-être, parmi vous, quelques-uns ont croisé ce troubadour…(Bises à Rose et Lucile.) Marc et André

        J’espère recommencer les concerts bientôt et vous y rencontrer avec des musiques im…parables…

        Portez-vous bien.

Michel    

Reste encore un peu
Michel Boudaud

Reste encore un peu,
Le soleil ne peut
Pas nous voir d’ici
Qu’il soit à midi
Au-dessus de nous
Et si un vent doux
Tire tendrement
Quelques rideaux blancs
Aux fenêtres bleues,
Ce sera tant mieux! (3)
Qu’il aille plus loin,
Faire le malin,
Avec ses rayons
D’une autre saison
Que l’automne-là
Qui met dans nos bras
Des jattes de buis,
Des paniers jolis
Recèlant les plus
Beaux fruits défendus
Qu’il nous fut donné
De mettre au cellier,
Quand l’hiver venu,
De neige vêtus,
Nos petits jardins,
Presque mitoyens,
Trouveront la paix
Des manteaux épais
Qui effacent tout,
Même les cailloux,
Même les murets
Qui les séparaient, (3)
Même le sentier
Tout ébouriffé,
Qui s’en va là-bas,
Et n’en revient pas
De te voir ici,
S’est tout rétréci,
Comme si les genêts
Curieux, parvenaient,
Sans le moindre vent,
A se pencher quand
Quelqu’un s’enhardit
Au bord de la nuit. (3)
Et sur le toit bleu,
Le flot langoureux
Des lourdes fumées
Cherche un escalier,
Il n’y en a point,
Sinon, pensez-bien
Que je l’aurais pris
Pour le paradis,
Sans me presser trop,
Car quand il fait beau,
Mon p’tit ciel à moi
Est bleu par endroit
Et rouge souvent
Quand, au soir couchant,
Dans la cheminée,
Des sarments fripés,
Des bûches fendues
Se sont dévêtus
Pour passer la nuit
En tisons rougis. (2)
Dans mon coeur aussi,
Il y a du feu,
Reste encore un peu. (3)

Cora Vaucaire

Zone contenant les pièces jointes

Prévisualiser la vidéo YouTube trois petites notes de musique – Marc et André 1951 (Colpi/ Delerue)

trois petites notes de musique – Marc et André 1951 (Colpi/ Delerue)

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Cora VAUCAIRE – Trois petites notes de musique

4 réflexions sur “Des nouvelles de Michel Boudaud

  1. Salut à toi Michel, camarade poète et frère de cœur. Le grand Jacques, Cora et Maria, ma famille. Cora Vaucaire, j’en serais tomber amoureux si elle n’avait pas eu 32 ans de plus que moi ! C’est ma version préférée de ces trois petites notes de musique. Mais lorsque tu évoques André Schlesser, “le seul homme qui m’ait donné son nom” écrit Maria Casarès dans ses mémoires (Résidente privilégiée, Fayard 1980), je tombe sur le cul. Belle version en duo, émouvante en tout cas. Maria et André vivaient à Alloue (près de Confollens) au domaine de La Vergne. C’est là qu’ils reposent côte à côte. En lisant la correspondance Camus/Casarès, j’ai été snobé par l’écriture de Maria, l’amoureuse, la battante, la grande actrice, toujours sincère et directe, la fierté espagnole incarnée. Il faut que je te dise :

    Nos petits jardins,
    Presque mitoyens,
    Trouveront la paix
    Des manteaux épais
    Qui effacent tout,

    Et merci.

    • ¨Salut Patrick

      Merci beaucoup pour ces beaux mots. C’est vrai que j’ai eu une chance assez incroyable de rencontrer ces artistes qui m’ont donné confiance en moi . Jean Georges d’abord, Marc Chevalier et puis surtout Julos Beaucarne et Jacques Bertin. Moi, petit paysan de Vendée, qui n’ai fait que des études inférieures, à leur contact et grâce à leur tendre écoute, j’ai trouvé ma voie et ma voix. Ces grands frères ne sont pas mes modèles, mais quand je chante, je les chante, je me chante, je nous chante…

  2. C’est toujours un plaisir de vous lire, Michel et Patrick, un cadeau de Noël avant l’heure.

    Merci pour toutes ces belles découvertes, un enrichissement de mes connaissances.

    Portez-vous bien

    • Tu as raison Gisele, ces billets doux de Michel sont de vrais cadeaux. Ils nous sortent de notre quotidien pour nous tirer vers le haut. En douceur, avec un petit sourire en coin qui ne se prend pas au sérieux… en complicité.

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