Communication de Clément Mathieu

Débat ou non-débat

Lors de la journée « Le génie écologique du sol au service d’une société durable » organisée le 21 octobre, à Paris par Techniques de l’ingénieur, en plus des conférences (très intéressantes), on nous a distribué des documents contenant des publications sur le sujet concerné.

Dans une de ces publications – Qualité écologique des sols – signée par Pierre-Alain Maron et Lionel Ranjard, de l’INRA Dijon, on peut lire dans un encadré intitulé Le bio, pas si vivant !

Je cite :

« Différentes études scientifiques menées à l’échelle nationale montrent que la qualité des sols issus de parcelles, menées en agriculture biologique n’est pas toujours meilleure, voire des fois plus mauvaises que celle issue de parcelles conduites en agriculture conventionnelle. Ceci s’explique principalement par le fait que l’agriculture biologique est une grande consommatrice de désherbage mécanique (pour pallier le désherbage chimique) et donc de travail du sol répété. Or le travail du sol, même superficiel, altère fortement les habitats des organismes vivants (macroagrégats, galeries). Il en résulte donc une baisse de leur abondance et de leur diversité. De plus, les capacités physiques mêmes du sol sont aussi altérées, comme la résistance à l’érosion et au tassement, la réserve hydrique et les capacités d’enracinement des plantes ».

Malheureusement, cette note sur l’agriculture biologique n’est accompagnée d’aucune référence bibliographique et lorsqu’on pose la question au conférencier présentant l’écologie du sol, la réponse reste très générale, à savoir :

  • Le bio est enfermé dans un cahier des charges, sans spécificité particulière pour la qualité des sols (ni nécessairement pour la qualité des produits) ;
  • Alors que l’agriculture de conservation applique des itinéraires techniques qui favorisent la biodiversité des sols.

L’exemple « phare » est celui de l’utilisation de la bouillie bordelaise dans le vignoble bio, qui, avec le temps, va imprégner le sol d’une quantité très importante de cuivre (en moyenne 1,25 kg de cuivre/an/ha) devenant toxique pour la micro et mésofaune et flore du sol (bactéries, champignons, vers de terre). Mais j’aimerais d’autres exemples.

Je vous communique cette note sans commentaire particulier, sinon pour dire que sous certaines appellations ou concepts – bio, durable, soutenable, écologique, etc. etc. – il n’y a pas que du positif ou du souhaitable, l’analyse détaillée des choses montre parfois des contradictions ou des aspects parfois occultés.

La science est complexe, restons prudents et évitons le dogmatisme.

Bien cordialement

Clément MATHIEU

Professeur de Science du sol (er)

Membre de l’Académie des Sciences d’Outre-mer

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